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Nota bene
14 avril 2005

Seules les musulmanes persécutées interessent l’Occident


Pour en finir avec cette question,je vous livre un entretien que je trouve personnellement très judicieux et reflète parfaitement ce que je pense

voila lisez et à vous de accepter ou de rejeter

Fatema Mernissi, sociologue :
« Seules les musulmanes persécutées intéressent l’Occident »


Professeur a l’université Mohammed-V, a Rabat, c’est l’une des plus brillantes intellectuelles musulmanes. Elle a publie notamment “Le Harem politique”, “Sultanes oubliees” et “Rêves de femmes” (Albin Michel, 1987, 1996).
Elle donne aujourd’hui des conférences dans le monde entier.
Psychologies : Vous affirmez que les femmes occidentales vivent dans des “harems”. Est-ce de la provocation ?

Fatema Mernissi : Absolument pas. Toutes les entreprises dirigées par des hommes sont des harems et, comme par hasard, presque tous les magazines féminins occidentaux ont des hommes pour chef. Même une entreprise installée dans un building de verre ultrafuturiste comme il y en a a la Défense peut abriter un harem. Un lieu ou le maitre fait en sorte de s’entourer de dizaines de femmes dont le salaire dépend de son bon vouloir. Et la répression y est aussi terrible qu’en Orient, mais de nature beaucoup plus discrète.

Vous parlez de harem, mais pas de sexe…

Fatema Mernissi:Le but d’un harem n’est pas d’avoir du sexe, mais de montrer son pouvoir. Si vous voulez du sexe, vous ne vous entourez pas de dizaines de personnes, vous n’introduisez pas entre les femmes rivalité et compétition. A moins d’avoir une sexualité bizarroide…

La taille 38 pour les Occidentales serait l’équivalent du port du voile pour les musulmanes. N’y allez-vous pas un peu fort ?

Fatema Mernissi:A Teheran, si vous ne mettez pas de tchador, un policier vous rappelle a l’ordre. En Occident, la terreur est plus immatérielle. Il suffit de faire circuler des images pour que les femmes s’épuisent a leur ressembler. Tout va bien si vous rentrez dans du 38. Sinon, vous n’étés pas dans la norme et vous ne pouvez même pas vous révolter. C’est surréaliste, comme type de violence. Les musulmanes jeûnent un mois par an ; les Occidentales, c’est toute l’année !

Cette femme occidentale “soumise et consentante” dont vous parlez, ou l’avez-vous trouvée ?

Fatema Mernissi:Dans les fantasmes des Occidentaux. Il suffit de regarder les odalisques nues de Matisse ou de lire Kant et sa conception de la beauté idéale ! Le fantasme de l’homme occidental, c’est une femme muette et passive intellectuellement. Le fantasme des Orientaux, c’est Scheherazade, une femme essentiellement intellectuelle. C’est en touchant l’homme par des mots savamment choisis qu’elle réussit a agir sur ses émotions.


Et quels sont les fantasmes des femmes ?

Fatema Mernissi:Chez nous, il y a une sorte de souplesse entre les sexes. Par exemple, un homme tendre n’est pas repoussant, au contraire. Aux Etats-Unis, un homme qui montre de la tendresse ou qui pleure est ridicule. L’homme occidental doit être dur et ne pas montrer ses émotions. L’homme arabe, s’il n’a pas d’émotions, est effrayant. C’est un homme fragile, qui l’exprime et qui en rit.

Selon vous, les femmes orientales voudraient saper le pouvoir des hommes…

Fatema Mernissi:Nous utilisons le mot "kayd", qui veut dire astucieux, malin. Ce n’est pas de la ruse, c’est pire. C’est un pouvoir irrésistible et destructeur. Les femmes orientales font peur aux hommes, car elles sont dotées d’une intelligence subversive, opposées au pouvoir, au système. Elles sont reconnues comme intelligentes et stratèges quand il s’agit de détruire le pouvoir masculin. La première fois que je suis allée aux États-Unis, lorsque j’étais étudiante, j’ai été surprise de constater que la femme n’était pas supposée être aussi intelligente que l’homme. Je n’ai jamais ressenti cela dans un pays musulman.

Vous dites que la femme orientale est plus rebelle que la femme occidentale. C’est une boutade ?

Fatema Mernissi:Resister aux discriminations et revendiquer l’égalité des sexes est un réflexe très fort chez la femme musulmane. Cela n’a rien a voir avec le stéréotype raciste d’un être totalement passif vendu par les médias occidentaux. C’est pour cela qu’en dépit des extrémismes, nombre d’entre elles parviennent a des postes politiques importants. En Islam, la femme est considérée comme l’égale de l’homme.

En théorie. Mais pensez-vous qu’elle le soit réellement ?

Fatema Mernissi:Dans les années 90, le pourcentage de femmes enseignant dans les universités ou institutions équivalentes était plus important en Egypte qu’en France ou au Canada. Le pourcentage d’étudiantes inscrites dans les formations d’ingénieur était deux fois plus élevé en Turquie et en Syrie qu’aux Paysbas et en Grande-Bretagne.

Comment expliquez-vous alors qu’en Occident, les femmes musulmanes soient toujours considérées comme soumises ?

Fatema Mernissi:Parce que c’est une idée reçue, véhiculée par les médias. Ces images de femmes misérables, soumises, battues, violées, sont devenues un produit de consommation pour l’Occident, comme une drogue qui vous renfloue. Cela remonte a merveille le moral des femmes occidentales. On leur dit : « Estimez-vous heureuse, vous n’étés pas dans un pays musulman. »

Vous semblez dire que les femmes musulmanes ne sont pas opprimees…

Fatema Mernissi:Beaucoup d’entre elles dirigent des compagnies, mais elles ne sont pas médiatisées. Seules celles qui sont persécutées sont intéressantes aux yeux de l’Occident !
Cet Islam existe pourtant, par exemple chez les taliban !

Fatema Mernissi:Je ne parle pas des extrémistes, je parle de gens normaux ! Les femmes que je rencontre remportent des batailles tous les jours. Elles, vous ne les regardez pas ! Celles qui vous intéressent portent le voile ou subissent la dictature des extrémistes.

Au cours de votre enquête, qu’est-ce qui vous a le plus surpris ?

Fatema Mernissi:Que les femmes occidentales croient que leur système est bon pour les femmes. Du fait qu’elles ont quelques avantages, elles ne voient pas tout le reste. Elles ne sont absolument pas les égales des hommes, mais se comportent pourtant comme si c’était le cas. Je trouve cela tout bonnement fascinant ! En Orient, je sais que les lois sont contre moi, donc, a chaque minute, je veille a ne pas me laisser "bouffer".

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Commentaires
E
Je viens de terminer hier soir "le harem et l'occident", le livre de Mersinni, dont il est question dans cet entretien. Ce livre présente des idées intéressante, mais elles sont mal prouvées et peu développées. Certains des arguments sont tout simplement irrecevables : Mernissi, qui pourtant se plaint de l'incompréhension des Occidentaux face à la danse orientale, s'étonne que la Shéhérazade du ballet ne fasse que danser, alors que la danse dans un ballet n'est souvent que la métaphore de la parole (et il est NORMAL dans un ballet de danser en permanence !). L'Occident est mal décrit, incomplet, peu subtil. Pourquoi ne cite-t-elle pas "les lettres personnes" (Montesquieu), dans lesquelles Roxane, femme de harem, se révolte ? Je ne peux pas croire qu'elle ne connaisse pas ce classique ! De façon générales, les deux civilisations ne sont pas traitées de façon symétrique : comtes oraux, art réaliste dans un cas, vision et phantasmes de l'Orient dans l'autre cas.Il aurait été plus juste d'examiner aussi comment les Occidentaux et les Orientaux perçoivent les femmes occidentales. Un ouvrage de Kant ne suffit pas. <br /> <br /> La conclusion sur le harem talle 38 est certes intéressante, mais les implications et les explications peu développées. Comment, pourquoi ce harem s'est-il développé ? est-ce un complot ? Une simple citation de Bourdieu est un peu courte ! (d'autant plus que son livre "la domination masculine" commence par parler de la société berbère ;-)) Les implications de la dictature de la minceur (dont la dénonciation n'est certes absolument pas nouvelle) sont juste effleurées, mal prouvées, et ressemblent au stéréotype raciste des femmes musulmanes que Mernissi pourtant dénonce : les femmes occidentales auraient une personnalité ammoindrie (je résume)par le fait d'être au régime. Prouvez-le ! Et les hommes qui font des régimes ? Les jeunes garçons ont également souvent des complexes sur des bourelets imaginaires (j'en connaîs dans mon entourage proche). Je conçois que s'entendre dire dans une boutique qu'on est trop grosse ne soit pas agréable pour l'égo, mais pourquoi en conclure que les femmes occidentales sont tout le temps plus mal dans leur peau que les autres ? Ce qui m'a beaucoup surprise, c'est que Mernissi présentait les compliments qu'on lui faisait dans la rue au Maroc comme une bonne chose, sans voir que cette façon de commenter le physique des passantes est également débilitante, et marque le droit du mâle sur l'image qu'ont les femmes de leur corps. Un voyage au Maroc m'a personnellement donné l'impression que les femmes n'étaient pas à leur place dans la médina, et ce harcellement perpétuel est mon plus mauvais souvenir. En tous cas, à ma connaissance, le livre féministe sur les concéquences sociologiques (hors anorexie) de la dictature de la minceur reste à écrire. Mernissi ne prouve nulle part que cette dictature soit réellement un frein à l'émancipation des femmes occidentales.<br /> <br /> Le seul élément qui me semble réellement intéressant est le fait qu'en Occident effectivement, dans les représentations collectives, encore souvent une femme belle est stupide et inversement, alors que ce n'est pas le cas en Orient (d'après Mernissi). Ceci dit, la présentation de ce phénomène en Occident manquait de subtilité (dans les faits, de nombreuses femmes de tête à toutes les époques ont eu des amants de choix), et je soupçonne (mais mon ignorance ne me permet pas d'en être sûre)que la description de l'Orient comme considérant la femme l'égale de l'homme depuis le début de l'islam est exagérée également. <br /> <br /> Pour conclure, je dirais que Mernissi fait comme tous les vieux pontes : elle écrit, du haut de sa longue expérience intellectuelle, des livres mal prouvés et peu valides scientifiquement. Le problème, c'est qu'elle avoue elle-même mal connaître l'Occident.
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M
bon voila un autre argument que les medias marocains sont dépassés et ferment leurs yeux aux intelectuels marocains , a la place de disscuter des sujets , des oeuvres et des pensées telles celles ci qui peuvent nous aider a faire l'ascenssion culturelle, ils ont parlé beaucoup de fois de ce fameux livre "lkhobz al hafi" qui etale une vulgarités immense, que parce que l'occident encourage tout ceux qui sortent de nos normes , je vois qu'une grande parti de nos journaliste sensée prendre le relais, est absorbée; au lieu de donner a la raison et la logique le grade d'arbitre pour traiter tout phenomene ils cedent la place aux idées occidentales au nom du libertinage: ils sont absorbéééééééé!
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Y
oui je me rappelle aussi , et elle expliquait rationnellement et scientifiquement la notion du contexe et de l'état psychologique des réfléxions et des situations historiques et anthropologiques , d'ailleurs quelqu'un comme BOURDIEU est arrivé à la même conclusion , et ce sont des écrits à vulgariser absolument , on nous dénigre trop et le plus souvent par le faux et l'amalgame.
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S
l y a quelques années, j'ai lu un livre de Fatema Mernissi que j'ai trouvé très bien. Je me rappelle plus du titre mais je peux le retrouver car j'ai encore ce livre: <br /> Je me rappelle d'un point très important: dans ce livre, elle a traité le hadith qu'il dit qu'un peuple ne réussit pas s'il est gouverné par une femme. Elle a mis des doutes sur l'authenticité de hadith.
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L
Interessant, et c'est un sujet qui est toujours dans l'actualité, il y a tellement d'idées préconçues, et memes chez les maghrebin(e)s.
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